Feux de la Saint Jean

Tradition  Ancienne tradition populaire qui avait quasiment disparu après la seconde guerre mondiale. Seuls quelques petits villages ou hameaux la maintenaient en organisant une veillée mêlant sardanes, chants, folklore.

Naissance des feux  Le 23 juin 1955, François Pujade, Président du groupe arlésien d’excursionnistes, voulu fêter son anniversaire au sommet du Canigou. Il rassembla une troupe d’excursionnistes qui fit l’ascension, chargée de fagots afin d’illuminer le pic pour cette soirée de solstice d’été. Le 23 juin 1955, c’était également le jour de la victoire de l’USAP en championnat de France de Rugby ; quelques supporters qui avaient fait le vœu d’allumer un feu au sommet du Canigou en cas de victoire se joignirent aux montagnards arlésiens. L’année suivante, tous les villages catalans entrèrent à nouveau dans la ronde de la tradition ; La radio locale transmettait les festivités avec le concours de chanteurs catalans. Le sommet du Canigou peut être vu depuis une grande partie des deux Catalogne, aussi le message fut donné : « quand le pic s’allumera, tous le verront et allumeront à leur tour le feu ». Au cours des années suivantes, les feux de la saint Jean prirent une toute autre dimension : En 1957, plusieurs équipes du Cercle Des Jeunes illuminèrent différents sommets, tours à signaux, anciens châteaux, pour constituer une grande chaîne des feux ; En 1963, Jean Iglésis, Président du Cercle Des Jeunes, prend l’initiative d’organiser un relais humain géant pour descendre la flamme du pic du Canigou jusqu’à la plaine. Dans chaque village, se partagent alors la « coca catalane » (fougasse ronde) et le « vi dolç » (muscat) de l’amitié autour d’un feu de joie au dessus duquel il est coutume de sauter.

Le bouquet de la saint Jean Le jour suivant la célébration des feux de la Saint Jean, avant le lever du soleil, il est de coutume de partir parcourir les sentiers à la recherche de fleurs revêtant des  vertus médicinales et liées aux traditions, aux mythes et aux légendes. Une fois la cueillette des fleurs achevée, on se met autour d’une table ou bien assis à même le sol, en cercle, la récolte au centre, pour confectionner les bouquets, croix ou couronnes. Ils sont destinés à être accrochés sur la porte d’entrée en guise de porte bonheur. L’année suivante, un bouquet frais vient remplacer l’ancien que l’on brûle.

Composition : Le bouquet peut se composer de différentes fleurs de 3 à 21 espèces selon la région. Il l’est plus traditionnellement des 4 suivantes :

Le mille pertuis Huile de millepertuis agit sur les brûlures, les coups de soleil, les plaies. La plante combat les infections pulmonaires et urinaires. C’est également un antidépresseur, les anciens l’utilisaient pour combattre la mélancolie.

L’immortelle Plante réputée pour ses pouvoirs mystiques de longévité et d’immortalité ; elle est utilisée comme condiment pour accompagner les céréales, on la retrouve aussi dans les produits cosmétiques.

Le noyer Les feuilles sont efficaces contre les affections de la peau.

L’orpin Dans le temps on le réduisait en poudre pour soigner les crises d’épilepsie, les diarrhées. De nos jours, les laboratoires l’utilisent pour la préparation de médicaments contre l’artériosclérose et l’hypertension.

La légende : « C’est l’histoire de Maria, une belle jeune fille qui la nuit de la Saint Jean fait connaissance d’un bel inconnu. A l’aube, la belle court la garrigue cueillir le ramellet Sant Joanenc  (le bouquet de la Saint Jean)composé de trois ou sept espèces d’herbes sauvages et sacrées : l’immortelle (sempreviva), le millepertuis (perico groc), 3 feuilles de noyer (noguera). Elle réunit ces herbes en croix pour les clouer sur la porte d’entrée du logis. Maria remplace alors le bouquet de l’année écoulée le brûle dans la cheminée dont la fumée s’échappe vers le soleil en promesse de prospérité des cieux… Ce bouquet posséderait les vertus d’éloigner, diable, bruixes et esprits malfaisants. Au matin, comme convenu, le galant se présenta au seuil du logis de la belle Maria. Il ébaucha plusieurs tentatives pour y entrer mais fut pris de malaises. Devant ses échecs, il disparu soudain dans une odeur âcre de souffre en lâchant un lugubre hurlement. La belle effrayée réalisa alors que sous les beaux traits du prétendant se dissimulait le diable. Son ramellet de Bonaventura venait de la sauver. Ainsi, court toujours cette belle légende dans les Aspres…et dans tout le Pays Catalan !